BORDEAUX… NANSOUTY
Déraillement du train-train quotidien : Claude Bourgeyx,
par Jean-Michel Plantey
(extrait)
« Bordeaux c’est comme un ventre qui me contient, j’y baigne dans une espèce de liquide amniotique à la fois répugnant et source de vie, donc d’émerveillement. »
L’auteur de ces quelques mots s’appelle Claude Bourgeyx, je l’ai rencontré en 1984. Je faisais mes premiers pas dans la station bordelaise de Radio-France (France Bleu Gironde) et je cherchais à « mettre en onde » des textes courts, forts et originaux. Bourgeyx ayant débuté quelque temps auparavant par l’écriture de brefs monologues qu’il avait interprétés au café-théâtre, je lui suggérai d’incarner lui-même quelques-uns de ses personnages devant un micro. Ce qu’il fit. Une histoire particulièrement, m’avait frappé : « Voilà maintenant vingt-cinq ans que la partie de cache-cache a commencé. J’avais compté jusqu’à dix et mon frère Paul était allé se dissimuler dans un recoin sans doute oublié de notre grande maison. Depuis je le cherche en vain. Il avait dû trouver une très bonne cachette. Mes parents qui, au début, m’avaient aidé dans mes recherches, sont morts un jour de printemps autant d’épuisement que de chagrin… »
Je ne vous révèle pas la suite, vous la dénicherez dans ce précieux recueil de nouvelles, LesPetits Outrages. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est qu’à moi, il n’a fallu que vingt-deux ans pour « remettre la main » sur Bourgeyx. Je vous rassure, il n’était pas recroquevillé dans un placard ou dissimulé contre un escalier, mais assis à sa table de travail, celle-là même derrière laquelle il était assis en 1984. À cette époque, il faut le savoir, ses « petits outrages » sont publiés dans Sud-Ouest Dimanche avec la bienveillance de Pierre Veilletet, alors rédacteur en chef du journal.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Gironde, sur les pas des écrivains, Alexandrines, mars 2008.