Jean de La Fontaine à Château-Thierry

CHATEAU-THIERRY

L’enfance de la fable : Jean La Fontaine, né castelthéodoricien
par Patrick Dandrey
(extrait)

Tant pis pour la légende : il le faut bien avouer, depuis la naissance du jeune Jean de La Fontaine à Château-Thierry en juillet 1621 jusqu’à son entrée en noviciat au printemps de 1641 à l’Oratoire de Paris, on ne sait rien de bien certain sur sa vie personnelle. Des deux premières décennies de son existence, tout ce que l’on connaît concerne sa famille plutôt que lui en particulier. Charles de La Fontaine, son père, descendait d’une lignée de marchands champenois en quête d’un lent anoblissement par voie d’offices : il venait d’acheter quand naquit son aîné une charge de maître triennal des eaux et forêts du duché de Château-Thierry et de Châtillon-sur-Marne, grâce à la fortune personnelle de son épouse, Françoise Pidoux, elle-même veuve d’un marchand de Coulommiers. Cette fortune par alliance lui permit aussi d’acquérir une belle maison de pierres à trois corps de logis entre cour et jardin, avec tour en poivrière et porche seigneurial, qui existe toujours sur le coteau de ville, entre la Marne et le château du roi mérovingien Thierry IV auquel la cité doit son nom. On sait par les archives qu’autour de 1640 le revenu de la famille comprenait : les intérêts de plusieurs prêts hypothécaires ; les rentes que lui faisaient trois maisons de la grand’rue et deux du faubourg, à quoi s’ajoutait la propriété de quelques terrains en ville ; le rapport de trois fermes, de cinq arpents de vigne et de plusieurs prairies à Coulommiers, Clignon et Montmirail. Avec les biens propres de Françoise Pidoux, cela constitue une assez belle fortune, mais fondée sur des bases fragiles que la mort de Charles, en 1658, ne tarde pas à révéler : malgré la cession de sa part que lui consent son frère puîné entré dans les ordres, Jean, notre poète, devra alors réaliser une partie du capital pour acquitter droits et dettes. Il prend même à cette époque la précaution de se séparer de biens avec sa jeune épouse, née Marie Héricart, à laquelle un mariage arrangé l’avait lié en 1647, malgré leur différence d’âge : elle avait quatorze ans, lui déjà vingt-six.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade dans l’Aisne, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2007

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