Le Vigan
André Chamson, « le petit seigneur » des Cévennes,
par Micheline Cellier-Gelly
(extrait)
André Chamson était enraciné dans les Cévennes protestantes et camisardes. Mais son territoire fut toujours en expansion : ce Nîmois de naissance conquit Paris et ses cercles les plus fermés. Figure exemplaire des intellectuels des années 1930, il connut G. Duhamel, P. Valéry, A. Gide, J. Romains, R. Rolland, A. Malraux… Élu à l’Académie française, il occupa de hautes fonctions nationales – directeur général des Archives de France –, et son audience fut très tôt internationale : dès 1930, il fit la connaissance de Francis Scott Fitzgerald et de James Joyce, de Heinrich et Thomas Mann, de Pablo Neruda et de Tristan Tzara. Ēlu président du P.E.N. Club international, il organisa le premier congrès d’intellectuels au Japon et ses romans, traduits en vingt-trois langues, lui permettaient de dire : « le monde est ma paroisse ». Son regard portait donc loin, mais c’était toujours vers les Cévennes que s’orientait sa pensée, l’Aigoual restant fidèlement le point sacré de sa géographie. C’est, à l’évidence, la relation à la région qui structure son œuvre littéraire et sa personnalité.
Dans son territoire, trois villes gardoises dominent : Nîmes, Alès et Le Vigan. Né sous le crocodile et le palmier, symboles nîmois, il savait l’empreinte de la première indélébile : « J’ai joué dans les ruines d’un Empire et la poudre de ses marbres a coulé dans mes doigts d’enfant. Elle m’a peut-être enseigné à prendre la mesure des siècles », confiait-il dans son autobiographie le Chiffre de nos jours, expliquant ainsi a posteriori son profond goût pour l’histoire. Mais il passa le plus clair de son enfance à Alès, ville minière où il vivait une existence un peu chaotique avec ses parents, mais exaltée par les très belles échappées au Vigan, domaine de la grand-mère Sarah Aldebert et de l’Aigoual tout proche.
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Extrait de l’ouvrage : Balade dans le Gard, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mai 2008