Du Pays de Caux à la Grande Bleue,
Maupassant sur la Côte d’Azur,
par Noëlle Benhamou
Pour de nombreux lecteurs, Guy de Maupassant est solidement ancré dans le terroir normand, ce pays de Caux si présent dans ses contes et nouvelles. C’est oublier que l’auteur de Boule de suif tomba amoureux de la Côte d’Azur où il vécut par intermittence de 1884 à la veille de son internement. Nice, Cannes, Antibes, Menton, Grasse, autant de lieux de villégiature, de résidence, de plaisirs, d’inspiration mais aussi de fuite pour l’écrivain qui tenta d’échapper à son destin.
Ce Normand, qui aima la mer avec passion, ne pouvait qu’être attiré et fasciné par la Grande Bleue. Il découvre le Midi, la Corse, puis le Maghreb et l’Italie dans les années 1880-1885. Golfe-Juan est alors une étape quasi obligée sur le chemin du retour. Il loue plusieurs maisons à Antibes : la Villa Le Bosquet, dite Muterse, puis le Chalet des Alpes en 1886. Cannes a néanmoins sa préférence. Il réside dans des villas aux noms pittoresques : Mon Plaisir, Continentale, Marie-Louise et le tristement célèbre Chalet de l’Isère, témoin de la perte définitive de sa raison. Ces lieux représentés sur des cartes postales sont liés à l’écrivain. C’est à Cannes qu’il situe la « villa d’Antan », où s’est retirée la tragédienne Julie Romain, rivale fictive de Rachel. Lorsque ses parents s’établissent sur la Côté d’Azur, Guy leur rend visite entre deux sorties en mer sur son yacht le Bel-Ami, bientôt remplacé par le Bel-Ami II en 1885 ancré dans la rade de Cannes. Le Sud lui apporte le soleil et l’apaisement. Du mariage de son frère Hervé avec une fille du sud Marie-Thérèse Fanton d’Andon, naît Simone, sa légataire universelle. Ses racines normandes se mêlent ainsi à celles d’une famille méridionale…
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012