CAHORS
Clément Marot, de Cahors en Quercy
par Frank Lestringant
(extrait)
Né en 1496 à Cahors, mort en exil à Turin en 1544, Clément Marot est par excellence le poète de la première Renaissance. Sa carrière poétique coïncide assez exactement avec le règne de François Ier (1515-1547), que son mécénat généreux a fait surnommer « l’Apollon gaulois ». Marot, du reste, n’a pas peu contribué à la formation du « François Ier imaginaire », ce mythe tout à la fois politique et littéraire qui a fait du « Franc Roy de France et des François » le restaurateur des arts et des lettres, et de son règne de trente-deux ans une sorte de printemps perpétuel, fort éloigné, en vérité, de la réalité historique. « — Ô roi heureux, sous lequel sont entrés/ (Presque péris) les lettres et lettrés ! », chante Marot dans L’Enfer, longue épître en forme d’apologie personnelle, écrite en 1526 à l’issue de son emprisonnement au Châtelet de Paris pour avoir mangé le lard en carême.
Secrétaire de Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre, la sœur aînée du roi, puis valet de chambre de François Ier, Marot est chez lui à la cour, laquelle, selon ses propres termes, fut sa « maîtresse d’école ». Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi le poète le plus populaire de son temps, dont chacun, dans la rue ou aux champs, dans l’échoppe ou sur la grand route, fredonne les chansons et récite les ballades et rondeaux. Les éditions de son œuvre tout au long du xvie siècle dépassent la centaine, laissant loin derrière les plus grands succès des poètes de la Pléiade, et de Ronsard en particulier. Maître incontesté de l’épître en vers et de l’épigramme, Marot est aussi le premier traducteur des Psaumes de David en vers français, qui dotera l’Église réformée de son premier monument littéraire et d’une arme idéologique d’une extraordinaire efficacité.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Midi-Pyrénées, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2011.