Cagnes Connolly

Cyril Connolly, entre Cagnes, Saint-Paul et La Gaude

par Keith Dixon

 

 

Les cafés de la place du château, à Cagnes, jouxtent des ateliers juchés au-dessus de petites cours ou de jardinets. C’est le rendez-vous des écrivains et des peintres. Tout ce petit monde boit, refait le monde, se dispute, se réconcilie, s’entraide. On y rencontre les exilés de la terre entière. Modigliani peint dans le même atelier que ses amis Soutine et Foujita, Wery y retrouve Matisse. Tous viendront célébrer Renoir, le vieux maître des Collettes. Prévert et Apollinaire chanteront les petits restaurants. Les journalistes baptisent alors Cagnes : Montparnasse-sur-mer. C’est ce monde interlope que choisit Cyril Connolly comme cadre à son roman Marée Basse.

Cagnes n’est pas une station à la mode en 1930 et on s’y installe « pour fuir la vie mondaine du Cap Ferrat ». L’intérêt de son roman réside dans le portrait d’une Côte d’Azur à l’heure de la Dépression, et les portraits de toute une foule de marginaux qui vivent dans le petit Montparnasse. Connolly décrit dans un style souvent acide les relations entre écrivains et peintres des années trente.

Surtout connu comme critique littéraire, les centaines d’articles qu’il publia régentèrent la vie culturelle britannique pendant des décennies. Connolly était l’ami – et l’ennemi – de toute la gent littéraire, qu’il étrillait chaque semaine dans le Sunday Times. S’il ne réussit pas à être le grand écrivain qu’il rêvait d’être, en réalité, Cyril Connolly a surtout produit un chef-d’œuvre : lui-même…

 

Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012

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