BRIVE
Brive : l’École qui n’existe pas,
par Georges Châtain
(extrait)
« L’école de Brive ». C’est dans les années soixante-dix que l’expression est apparue dans les rubriques littéraires des journaux. Elle serait issue, dit la chronique, d’un article dans Le Point de Jacques Duquesne, romancier du Nord devenu Limousin par amour et mariage avec une Haute-Corrézienne. Reprise au vol par un autre écrivain, Corrézien de souche, lui, Jacques Peuchmaurd, directeur littéraire des éditions Robert Laffont, et qui avait publié plusieurs auteurs limousins avant qu’ils ne soient regroupés par cette trouvaille journalistique. « L’école de Brive » est dès lors devenue une marque déposée – une « appellation littéraire d’origine contrôlée », résume Laurent Bourdelas dans son Abécédaire de la littérature du Limousin – dont la principale caractéristique est singulière : c’est une école qui n’existe pas.
Aucun des auteurs ne s’y reconnaît. Aucun n’en a non plus sollicité le label. S’ils se sont en effet bien fréquentés, ce n’était pas pour discuter projets romanesques ni esthétique littéraire communs. « On festoie : on boit, on rit, on déconne », avait résumé Jacques Peuchmaurd qui dans le privé parlait plus volontiers de « bande » que d’« école ». Mais le marketing a ses raisons qui ne sont pas celles des écrivains.
Alors, cette bande, quelle est-elle ? Difficile à délimiter, à géométrie et géographie variables. Au fil des saisons littéraires, nombre d’auteurs y ont été amalgamés, sans l’avoir davantage voulu ni sans s’y reconnaître, par la critique ou plus simplement par l’appréciation spontanée des lecteurs. Lesquels y voient volontiers trois figures tutélaires : Michel Peyramaure, Claude Michelet, Christian Signol.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009