François Mauriac à Saint-Maixant

BORDEAUX ET SAINT-MAIXANT

Au-delà de la terrasse
par Éric des Garets
(extrait)

L’œuvre de François Mauriac s’inscrit dans les lieux de son enfance : Bordeaux, Saint-Symphorien, Talence, Gradignan, Langon et, bien sûr, Malagar. Les maisons familiales, leurs parcs l’ont profondément inspiré et fournissent le cadre de nombre de ses romans. L’enfant aimait cet univers de brume et de bruyères. Certes, le spectateur « intéressé » qu’il était – pour reprendre l’expression de Paul Gadenne –, épiait déjà les complots, les déchirures, les drames qui se trament, parfois, derrière les murs. Mais tel n’est pas l’essentiel.

Si l’écriture de François Mauriac est un chant, le murmure des cigales ou d’un ruisseau, le bruissement du vent dans les feuilles n’y sont pas étrangers. On n’insiste jamais assez sur la sensualité de la langue du prix Nobel de 1952, sur ce qu’elle doit aux rapports charnels qu’il entretenait avec le monde sensible. Toute écriture est un mystère que ni les analyses ni les commentaires des plus doctes ne peuvent percer. L’intimité d’un auteur échappe au seul domaine des idées. La visite des lieux où il vécut apporte, peut-être, un précieux éclairage sur l’artiste ; il existe aussi une lecture des pierres. Elle est personnelle, singulière. Mais enfin, chacun est à même d’imaginer ce que bon lui semble. Une œuvre n’est la propriété de personne. Et, si d’aventure, celui qui n’a pas lu la moindre ligne de Mauriac, après s’être rendu à Malagar, se hâtait, dès son retour, d’ouvrir les pages d’un roman, d’un essai, preuve serait faite de la nécessité de conserver ce lieu de mémoire.

[…]

Extrait de l’ouvrage : Balade en Gironde, sur les pas des écrivains, Alexandrines, mars 2008.

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