Marie Bashkirtseff, un jour viendra…
par Sylvie Lecat
Un jour viendra, où par toute la terre,
mon nom s’entendra à l’égal du tonnerre
Les parents de Marie, Babanine du côté maternel, Bashkirtseff du côté paternel, sont des nobles de province en Ukraine. En 1870 le grand-père Babanine a entraîné une partie de sa famille dans une itinérance en Europe. En 1871 ils sont installés à Nice, haut lieu de séjour des hivernants mondains ; une colonie russe s’y est établie et entretient le fort attachement de la famille impériale pour la ville. Le père, Constantin Bashkirtseff, est resté sur ses terres de Gavronzi, Poltava. Marie a douze ans. Petite fleur slave, sa jeune âme sensible et déracinée va trouver en Nice une seconde patrie.
En janvier 1873, Marie commence, en français, un journal qu’elle tiendra avec une réelle préoccupation d’écrivain sans interruption, jusqu’à sa mort, en 1884 ; il comptera alors cent cinq cahiers. C’est avec la conviction intime que je ne serai jamais lue, et avec l’espérance encore plus intime du contraire que j’écris mon journal. Il est l’expression d’une vie hors du commun.
En 1873, les Bashkirtseff sont installés en location, au numéro 51 de la Promenade des Anglais, villa Acquaviva, puis font l’acquisition du 55 bis, villa « Romanoff » ; à l’arrière, les belles maisons donnent sur la rue de France et ses petits commerces. Bordé par la Promenade, ce quartier ouest a les faveurs de la haute société qui s’y promène, se courtise et se reçoit lors de réceptions fastueuses relatées dans la presse. Les Bashkirtseff, d’une noblesse inférieure, n’y sont pas conviés au grand dam de Marie. Leur réputation souffre des échos du procès Babanine-Romanoff, qui s’ouvre en Ukraine et les frasques de l’oncle Georges Babanine empoisonnent leur vie. Et Marie qui aspire tant à la reconnaissance ! …
Extrait de l’ouvrage : Balade à Nice, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, avril 2012
Très bonne explication