Auvers-sur-Oise et Pontoise Daubigny, Pissarro, Monet, Van Gogh

Auvers-sur-Oise et Pontoise, Argenteuil et Vétheuil

Daubigny, Pissarro, Monet, Van Gogh et les autres
par Marie-Paule Défossez
(extrait)

 

De l’écriture à la peinture.

De la peinture à l’écriture.

Faces cachées d’artistes à découvrir pour mieux connaître les hommes qu’ils étaient.

Fin 1998, une sympathique exposition rassemblait à Cergy-Pontoise les Traits de plumes, dessins et gravures d’une centaine d’écrivains des XIXe et XXe siècles.

Dans un Val-d’Oise demeuré, cent ans plus tard, dans tellement de lieux préservés et familiers, si semblable à ce qu’il était à la fin du XIXe siècle, d’autres traits de plumes nous convient à la promenade. De petits textes cueillis dans la correspondance de quelques peintres – mais quels peintres ! – font comme un bouquet.

Sur les bords d’Oise et de Seine, Daubigny, des légions de paysagistes et leurs chevalets dans son sillage, Cézanne, Pissarro, Monet, Van Gogh se sont succédé pendant quatre générations. Quatre ou plutôt cinq, et chacune d’entre elles s’appuyant sur le travail de la précédente. La flamboyante histoire d’Auvers-sur-Oise se poursuivit en effet jusque dans les années 1920. Quelques anciens et anciennes du «village des peintres» s’y souviennent encore de la haute stature de Maurice de Vlaminck. L’artiste qui habitait alors Valmondois, le pays de Georges Duhamel, son voisin et ami, avait été attiré dans la région par son culte de Vincent Van Gogh.

En quelques extraits de lettres, toute une gamme de sentiments s’exprime.

Pas de grands discours. Aucune théorie intellectuelle. Des mots simples, à la va-comme-je-te-pousse, qui disent le quotidien. Et d’abord le goût des voyages sur l’eau pour se laisser surprendre par des paysages vus du milieu des rivières, les plus beaux pour Daubigny et Monet. Tous deux adoraient le canotage. Le premier bateau de Monet, reconstitué en 1990 par la ville d’Argenteuil, se prélasse aujourd’hui dans le beau jardin de l’Atelier de Daubigny, l’un des trésors de l’étonnant village. La propriété est magnifiquement entretenue par M. et Mme Raskin, les descendants de celui qui fut, dans les années précédant la naissance de l’impressionnisme, le meilleur protecteur de Pissarro, de Cézanne, de Monet, l’ami intime de Corot et de Daumier.

Pissarro, au nom de tous et du fond de son Hermitage de Pontoise, un vieux quartier qui n’a pas changé et dont il a peint presque toutes les maisons et les jardins s’étageant sur leurs collines, a trouvé les mots qui chantent l’amitié et les rencontres à la bonne franquette de jeunes hommes que leur métier passionne.

Mais il y a aussi des mots brûlants où l’on entend des voix qui se brisent et deviennent rauques. Pour survivre, l’artiste a besoin d’un minimum de reconnaissance publique. Les moments de désespoir total ne manquent pas. En 1879, Claude Monet confie l’un des siens à de Bellio. Il a quitté Argenteuil et essaie de s’imposer depuis à Vétheuil où il a retrouvé ses chers bords de Seine.

Aujourd’hui, les habitants d’Argenteuil ont perdu leur accès au fleuve, dont les sépare une autoroute de deux fois quatre voies. Il faut quitter les avenues principales de la ville pour retrouver, bien présente cependant, l’atmosphère des tableaux de Monet et même la deuxième de ses maisons, non signalée, en face de la gare. Pour se plonger dans l’atmosphère du xixe siècle, rien ne vaut de gravir, au 5, rue Pierre-Guienne, les marches du musée du Vieil Argenteuil. C’est un lieu comme il n’en existe plus, plein à regorger de souvenirs de ce pays de vignes, de figues et d’asperges.

[…]

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en Val-d’Oise, sur les pas des écrivains, Alexandrines, avril 1999

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