BORDEAUX
Tu penseras à Ausone,
par Alain Coste…
(extrait)
« Ausonius est mon père ; je porte le même nom. Je vais dire qui je suis, quelle fut ma vie, mon origine, ma famille, ma patrie, afin que tu apprennes à me connaître, excellent homme, et que mon souvenir conserve une place en ton cœur. Vasates[i] est la patrie de mon père. Ma mère, par son père, est Eduenne[ii] […]. Moi je suis né à Burdigala : ainsi, quatre villes antiques se partagent l’origine de ma famille. […] Mon père étudia la médecine, la seule de toutes les sciences d’où sortit un Dieu. Mes études se sont tournées vers la grammaire, puis vers la rhétorique, et ce que j’en ai appris m’a suffi. J’ai fréquenté les tribunaux ; mais j’ai cultivé de préférence l’art d’enseigner, et j’ai mérité le titre de grammairien […].
Appelé ensuite par Auguste en ses palais dorés, j’ai enseigné au jeune Gratien, son fils, la grammaire, puis la rhétorique. […] Par lui, je fus comte et questeur, et pour comble d’honneur, préfet des Gaules, de l’Afrique et de l’Italie. Consul, j’ai reçu le premier les faisceaux et la chaise curule du Latium. […] Voilà qui je suis, voilà Ausone. »
Quand Ausone meurt en 394 dans l’une de ses villas de sa « patrie », il a 84 ans. L’équation de sa vie est : quatre ans d’insouciance enfantine, plus vingt ans d’études, plus trente ans d’enseignement (grammaire et rhétorique) à la prestigieuse université de Burdigala avec quelques « piges » au barreau comme avocat, plus dix-sept ans de préceptorat sur les bords de la Moselle auprès du jeune Gratien, futur empereur romain, fils à papa d’un dénommé Valentinien Ier lui-même empereur romain, plus treize ans de retraite agricole sur ses domaines entre Garonne, Dordogne, muses et réceptions mondaines.
[…]
Extrait de l’ouvrage : Balade en Gironde, sur les pas des écrivains, Alexandrines, mars 2008.