AUBUSSON
Alfred Assollant, homme de plume et de conviction,
par Jacques Migozzi
(extrait)
Les Aventures merveilleuses mais authentiques du capitaine Corcoran : si le nom d’Alfred Assollant surnage encore, parfois, dans la mémoire collective, ce polygraphe virtuose, auteur de La Mort de Roland (1860) ou de Montluc le Rouge (1878), ne le doit guère qu’à ce roman trépidant publié chez Hachette en 1874, et réédité sans discontinuer jusqu’à aujourd’hui. Or, cette relégation dans les oubliettes de l’histoire littéraire, assortie d’une minoration dans le seul rayon de la littérature de jeunesse, si elle est courante pour les petits maîtres du roman d’aventures, semble injuste, car Assollant paraît bien plus qu’un simple grognard du roman-feuilleton populaire.
Né à Aubusson le 20 mars 1827 et mort à Paris le 3 mars 1886, Alfred Assollant fut en effet homme de plume et de convictions. Peu attiré et probablement peu doué pour la carrière universitaire, il bifurqua assez rapidement, après des études de lettres brillantes et sa sortie de l’École normale supérieure, vers le journalisme et le roman, semant pendant trente ans, de 1856 à 1886, des centaines d’articles dans une trentaine de journaux et publiant une quarantaine de volumes romanesques à succès chez Hachette, Delagrave ou Dentu. Mais si l’écriture fut indubitablement pour lui un gagne-pain, elle fut aussi sans conteste une nécessité pour porter ses idées progressistes – et un plaisir fabulateur à partager avec un lecteur complice : dans ma bibliothèque imaginaire, Assollant dialogue par échos avec ses contemporains Paul Féval et Gustave Aimard, Jules Verne et Louis Boussenard, mais aussi Erckmann-Chatrian et Jules Vallès.
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Extrait de l’ouvrage : Balade en Limousin, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2009