Aubagne, Marseille
La gloire de Marcel Pagnol,
par Thierry Dehayes
Marcel Pagnol, né en 1895 à Aubagne, est l’un des enfants d’une époque révolue où l’on croyait que la science et son corollaire, le progrès, allaient assurer le bonheur de l’humanité.
Son père Joseph était instituteur. Fils d’un tailleur de pierres, il incarnait une forme de réussite : grâce à son instruction et à son savoir, il était comme tous les maîtres d’alors un « Monsieur », que les familles respectaient et dont les enfants avaient un peu peur. Il faut dire que ces instituteurs en blouse, « hussards noirs de la République », prenaient leur tâche très au sérieux. Ils savaient que l’instruction seule peut permettre aux populations défavorisées de retrouver la foi dans l’avenir. Ils voulaient aussi inculquer aux enfants une solide morale civique, ceci, bien sûr, pour contrer l’influence pernicieuse de l’Église.
La famille Pagnol était loin de vivre dans l’aisance. La mère de Marcel, Augustine, était couturière. À vingt-neuf ans, elle était déjà mère de trois enfants : Marcel, Paul et Germaine. Plus tard naîtrait René, en 1910, l’année même de la mort d’Augustine, emportée par une pleurésie.
Les Pagnol déménageaient fréquemment, pour des raisons professionnelles et financières. Les mutations de Joseph lui permettaient parfois d’obtenir des logements de fonction ou de louer des appartements (presque) spacieux pour sa famille. C’est la raison pour laquelle Marcel Pagnol ne vécut pas longtemps à Aubagne, au 16, Cours Barthélemy, où il était né. À l’âge de deux ans et demi, il partit pour Saint-Loup, dans la banlieue de Marseille, puis rejoignit le centre-ville. Citons ici pour le plaisir des curieux et des promeneurs les adresses successives des Pagnol dans la cité phocéenne : Un logement de fonction à l’école du Grand-Chemin des Charteux ; 33, rue de Tivoli ; 51 puis… 52 rue Terrusse ; 117, Cours Lieutaud ; 44, rue Marengo ; 8, Cours Julien (pour plus de vingt ans)…
Extrait de l’ouvrage : Balade en Provence, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, mars 2012