REDON
Arthur Bernède, romancier populaire
par Annie Besnier
Au 21, rue du Port à Redon, la plaque avait disparu sans que personne ne semble s’en être aperçu. La sortie du film Belphégor de Jean-Paul Salomé arriva à point pour rappeler aux Redonnais que l’un des plus célèbres romanciers populaires du début du xxe siècle était né dans leur ville ; ils lui consacrèrent alors, en 2001, toute une série de manifestations.
Arthur Bernède vient au monde le 5 janvier 1871 alors que les Prussiens assiègent Paris. Son père est propriétaire-agriculteur, sa mère née de la Périgne : Arthur appartient à la bonne société de Redon et fait ses études chez les Eudistes. D’une indiscipline notoire mais premier de la classe, il est objet d’indulgence à cause des représentations théâtrales qu’il organise. C’est un enfant puis un adolescent heureux, excellent camarade, un peu trop « adulé par les siens » selon un professeur, seul garçon suivi de deux sœurs. Mais quand il casse un pied du fauteuil familial où Surcouf s’est assis en 1824, il est privé de dessert pendant huit jours. Sa rancune ne résiste pas au récit des exploits du Malouin par son grand-père, et il lui consacrera en 1925 un roman et un film soucieux de vérité historique qui connurent un grand succès. Bernède gardera toute sa vie des amitiés datant de cette époque au collège Saint-Sauveur et en fait profiter ceux qui le sollicitent car il aime rendre service. C’est ainsi que les archives de Rennes conservent trace de ses interventions auprès du préfet Joseph Desmars, son condisciple à Saint-Sauveur.
En 1894 la famille, à la suite semble-t-il de problèmes financiers, quitte Redon pour Ville d’Avray (92). Arthur Bernède semble n’y être jamais revenu mais, à Paris, il faisait partie de l’amicale des Redonnais.
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Extrait de La Bretagne sud des écrivains, Alexandrines, 2014.