Alain-Fournier à Epineuil

EPINEUIL

Au pays d’Alain-Fournier. Petite topographie du Grand Meaulnes

par Jean-Yves Ribault

 

 

Le pays natal : La Chapelle d’Angillon

 

Dans le roman, ce gros village est nommé La Ferté d’Angillon. La grand’ route qui le traverse du nord au sud sépare nettement deux terroirs, vers l’est un pays vallonné et verdoyant dit le Pays Fort et vers l’ouest en Sologne une étendue de taillis et d’étangs voués à la chasse et à l’élevage des moutons. Henri Fournier y était donc né en 1886 et sa sœur Isabelle y naîtra en 1889, tous les deux dans la petite maison d’Adeline et Mathieu Barthe, leurs grands-parents maternels. Alain-Fournier garda toujours une grande tendresse pour ce modeste logis familial alors qu’il éprouvait des sentiments ambivalents pour la localité elle-même. « Ce pays-ci, je ne l’ai jamais aimé d’amour », confiait-il à son ami Rivière, ou encore : « Ce pays où je suis né et qui n’est pas le mien ».

Il y avait un fort contraste entre la modeste maison d’école d’Épineuil-le-Fleuriel où la famille était restée de 1891 à 1902 et l’imposante mairie-école qui leur échut quand les parents Fournier furent mutés à La Chapelle pour la rentrée 1903, « grande et triste et morne mairie ». Ils y demeurèrent jusqu’à leur nomination à Paris en 1908. Dès lors, la permanence familiale fut assurée par « maman Barthe », veuve depuis 1903. Elle fit surélever la petite maison d’un étage et la rendit propre à recevoir « les Parisiens » lors des vacances scolaires ; elle y demeura jusqu’à son décès en 1915.

Or, le 12 septembre 1913, elle eut à accueillir dans son modeste logis un couple de la haute société parisienne amené par son petit-fils Henri, désormais connu sous le pseudonyme littéraire d’Alain-Fournier, auteur d’un roman en cours de parution : Le Grand Meaulnes. En l’occurrence, le jeune homme était aussi le secrétaire intermittent du mari et l’amant discret de l’épouse. Le mari, qui conduisait lui-même sa grosse automobile, continua le jour même sa route vers Paris et ne revint prendre femme et secrétaire que cinq jours plus tard, ce qu’Alain-Fournier appela les « cinq jours de nos noces secrètes » ! Il s’agissait de Claude Casimir-Perier, fils d’un ancien et éphémère président de la République, accompagné par Pauline Benda son épouse, plus connue sous son nom de scène, Mme Simone, brillante actrice et femme de lettres à la longue carrière…

 

Extrait de l’ouvrage : Balade en région Centre, sur les pas des écrivains (c) Alexandrines, 2013.

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