Isbn : 978-2-912319-73-9
La Corse des écrivains ne nous apprend pas que cette terre est d’une exceptionnelle beauté, ni que son sable est blond et qu’on y mange le meilleur poisson. Tout cela, nul ne l’ignore encore.
Ce guide nous introduit dans les profondeurs de l’âme corse, sur les pas de ses écrivains, en une promenade palpitante tout autour et jusqu’au cœur de l’île.
Qu’ils y soient nés ou qu’ils aient été pris de passion pour l’île de Beauté, ces témoins peu ordinaires nous confient ce qu’ils ont vu, témoignent, en les romançant, d’anecdotes ou d’évènements auxquels ils ont été mêlés ou qu’on leur a relatés.
Thierry Ottaviani a suivi les pas de ces écrivains, mais aussi de leurs créatures, dans ce guide qui se lit comme un roman d’aventures.
Et sa lecture est savoureuse.
Thierry Ottaviani, né à Bastia, est originaire de Santo-Pietro-di-Venaco. Avec La Corse des écrivains, il signe là un nouveau livre sur son île, mené comme un polar sur cette terre où la vendetta envahit la littérature même.
Dans la presse
« Les éditions Alexandrines, spécialisées dans les ouvrages mêlant territoires et littérature, publient un ouvrage un peu spécial qui remplit à merveille son cahier des charges. Avec La Corse des écrivains, Thierry Ottaviani ravit le lecteur de promenades littéraires à travers toute l’île, faisant la synthèse d’anecdotes et de recherches sur le sujet. Loin du catalogue ou du guide classique, ce livre révèle la Corse dans sa dimension de muse littéraire. Saviez-vous que Nietzsche avait failli venir s’installer à Corte ? Ou que Dumas et Mérimée avaient plagié le Voyage en Corse et en Sardaigne d’Antoine-Claude Pasquin dit Valéry ? La Corse des écrivains permet de revisiter les coins et les recoins de l’île loin des habituels clichés touristiques… C’est une invitation à la (re)lecture de l’île vue par des grand noms de la littérature.
Myriam Mattei, Le Journal de la Corse, 18 avril 2013
« Croiser Pierre Loti, Flaubert, Balzac, Maupassant ou encore Jérôme Ferrari dans un même livre a quelque chose d’enivrant. C’est ce qu’a réussi Thierry Ottaviani dans La Corse des écrivains, 226 pages de promenades littéraires, d’anecdotes, de recherches, de pelotes de laine patiemment tirées… La lecture est rapide, passionnante. Livre indispensable pour qui s’intéresse à la Corse dans la littérature, il ne se veut pas exhaustif mais se révèle riche, plaisant à parcourir et très accessible. » Christophe Laurent, Corse Matin
Extraits
« Dans son journal intime, Pierre Loti explique comment il fit la connaissance du bandit Bellacoscia, à Bocognano, le 19 avril 1891 : dans une auberge, il aperçut deux jeunes demoiselles habillées de noir. C’étaient les filles de Bellacoscia dont « l’une délicieusement jolie [l’] a tenu sous son charme », confesse-t-il. Par leur intermédiaire, il obtint un rendez-vous avec le célèbre bandit : « Je n’aurais pas cru que mon nom de Pierre Loti m’aurait ouvert ainsi les portes de cette famille de révoltés », reconnaît l’écrivain. »
« Le poète Maistrale (de son vrai nom Dominique Antoine Versini), un pseudonyme qui fait référence à Frédéric Mistral et, par la même occasion, à l’un des principaux vents de Corse, avec le Libecciu et la Tramuntana…, dit le « barde » était connu pour son grand sens de l’humour. Il s’était fait construire une tombe sur la route des Sanguinaires, portant une statue à son effigie. Une après-midi qu’il s’était assis pour se reposer auprès de sa tombe, une visiteuse, intriguée par sa ressemblance avec la statue lui dit en corse : « C’est un parent à vous. Il vous
ressemble, non ? » Le barde lui répondit : « Mais c’est moi ! Il faisait trop frais à l’intérieur alors je suis sorti prendre le soleil. » La femme fit un signe de croix et s’échappa épouvantée. »
« Quoi de plus aride, de plus isolé que le rocher sur lequel je réside ? Quel pays est plus pauvre en ressources ? Quels habitants plus barbares ? Quel aspect plus affreux ? Quel climat plus dur ? » Sénèque a des mots rudes pour la Corse, à hauteur de la souffrance qu’il éprouve loin des siens et de sa patrie. La Consolation d’Helvie est pourtant rédigée pour consoler sa mère. Mais l’auteur donne une description négative de l’île. Il parle de l’ »insalubrité de l’air, d’une terre qui ne produit pas d’arbres fruitiers et où les fleuves ne sont pas navigables. « Elle ne porte rien qui puisse attirer les peuples étrangers, et suffit à peine à la nourriture de ses habitants ». »
« C’est dans un petit village aux environs de Bocognano qu’Orso et Colomba passent la nuit. Les personnages du livre de Prosper Mérimée sont accueillis par un hôte qui leur dit : « Voyez-vous ces bois et ces maquis […] : un homme qui aurait fait un malheur y vivrait dix ans en paix sans que gendarmes ou voltigeurs vinssent le chercher. […] Ces bois touchent à la forêt de Vizzavona, et, lorsqu’on a des amis à Bocognano ou aux environs, on n’y manque de rien ». »
« C’est A-C P. Valery qui, le premier, évoqua l’histoire de cette Colomba Bartoli. Fozzano est le « foyer des vendette » souligne l’auteur du Voyage en Corse et en Sardaigne : « L’aspect du village était affreux, misérable : les paysans marchaient armés ; les maisons étaient crénelées, barricadées et les fenêtres bouchées par de grosses briques rouges ». « J’ai visité Madame Bartoli », dit Valery. Cette femme fatale « fut jadis une véritable amazone, et tirait fort joliment des coups de fusil », continuet-il. Lorsque l’écrivain voyageur la rencontra, elle avait une soixantaine d’années.
Son histoire intrigua Mérimée qui, trois ans plus tard, logea dans la maison forteresse de celle qui devint son héroïne. Mais Colomba Bartoli était différente de la Colomba de son roman. Plus âgée et plus cruelle, elle conduisit une vendetta qui fit plusieurs morts et dans laquelle, dans son acharnement vengeur, elle laissa même un fils. »
« Les îles Sanguinaires… Ce lieu évoque le souvenir de ses ancêtres corses à José Corti (1895-1984), fondateur de la librairie de la rue de Médicis à Paris et ami de Breton, Éluard, Julien Gracq… dont il était également l’éditeur. Il y revoit l’image de son père originaire d’Ajaccio qui partait dans la goélette du cousin Roch « pêcher aux flambeaux » et manger la bouillabaisse « au bord du rocher » des îles Sanguinaires. Et dans ses rêves d’enfant, c’était son oncle corse François Tavera, capitaine au long cours surnommé Cecco, qu’il imaginait en gardien du Phare des îles Sanguinaires, comme il se le rappelle dans ses Souvenirs désordonnés. »
« Sampiero Corso a étouffé de ses propres mains sa femme Vannina d’Ornano. Selon une légende, cet acte tragique aurait inspiré William Shakespeare qui fait mourir Desdémone de la même façon, dans la scène finale d’Othello. Que cela ait en réalité influencé ou pas Shakespeare, le personnage de Sampiero n’en demeure pas moins une source d’inspiration pour les écrivains. Cinq ans après son voyage en Corse, Gustave Flaubert avait demandé de la documentation sur la vie du héros insulaire dans un courrier adressé à son ami Ernest Chevalier, alors magistrat à Ajaccio. « Il m’est venu depuis quelques jours l’idée d’un drame assez sec sur un épisode de la guerre de Corse », écrit-il à Alfred Le Poitevin. Mais, n’ayant obtenu aucun renseignement de la part d’Ernest Chevalier, il abandonna hélas le projet… Il a fallu attendre plusieurs siècles après la mort de Sampiero pour voir des écrivains s’emparer du récit de sa vie. Huit ans après l’excursion de Flaubert en Corse, Arrigo Arrighi mit sur papier l’Histoire de Sampiero Corso ou guerre de l’indépendance (1553-1569). Parmi les ouvrages littéraires citons le drame en vers de Jean de Peretti della Rocca, publié en 1891, puis, en 1938, le très romancé Sampiero Corso de Jane Catulle-Mendès. En 1956, le compositeur corse Henri Tomasi réalisa son opéra Sampiero Corso, joué la première fois à Bordeaux, avec Régine Crespin dans le rôle de Vannina. Mentionnons enfin l’excellente biographie de Michel Vergé-Franceschi et d’Antoine-Marie Graziani : Sampiero Corso (1498-1567) : un mercenaire européen au XVIe siècle. »
« Comme dans la haine des Capulet et des Montaigu, la guerre entre les Coppi et les Forciole eut son Roméo et sa Juliette : en effet, un jour une Forciole aima un Coppi, nous dit Ponson du Terrail. Leur destin fut aussi tragique que le drame shakespearien : la fille Forciole assista à l’assassinat de son mari et de son nouveau-né, tués par ses deux frères. Elle se réfugia alors dans la famille de son époux et ne voulut plus jamais revoir la sienne. »
« Au siècle précédent, les Français du continent découvraient la région de Porto-Vecchio à travers l’ouvrage de Prosper Mérimée, Mateo Falcone. Il la présentait ainsi : « Si vous avez tué un homme, allez dans le maquis de Porto-Vecchio, et vous y vivrez en sûreté, avec un bon fusil, de la poudre et des balles ; n’oubliez pas un manteau brun garni d’un capuchon, qui sert de couverture et de matelas. Les bergers vous donnent du lait, du fromage et des châtaignes, et vous n’aurez rien à craindre de la justice ou des parents du mort, si ce n’est quand il vous faudra descendre à la ville pour y renouveler vos munitions. » Lorsqu’il rédige ces lignes, en 1829, Mérimée n’était pas encore allé en Corse. Cela n’empêcha pas l’auteur de guider les pas du lecteur. »
« Fozzano est le village de la grand-mère de Jérôme Ferrari, prix Goncourt 2012. Un siècle après le Goncourt de John-Antoine Nau, après ceux, en 1905, de l’écrivain d’origine bastiaise Claude Farrère et, en 1990, de l’Ajaccien d’adoption Jean Rouaud, Jérôme Ferrari est bien le premier Goncourt à revendiquer son insularité. Dans l’ouvrage collectif Une Enfance corse, il se souvient de ses vacances estivales, passées dans ce qu’il appelle « mon village », alors qu’il était enfant, avec l’impression d’être un « imposteur », lui qui avait été élevé à Vitry-sur-Seine et qui ne
parlait pas le corse comme ses camarades du village, mais qui, malgré tout, s’y sentait chez lui : plus qu’une extension de sa famille, le village était « un monde à part entière », avec un « nombre incalculable de cousins et cousines ». En décembre 1988, après avoir fêté ses vingt ans, il quitta Vitry-sur-Seine, prit le bateau pour la
Corse « en sachant qu’il n’y aurait pas de retour », traversa la « vallée verglacée de Taravo » et, arrivé à sa maison, ouvrit les volets « avec une exaltation indescriptible », et s’y installa. Dans l’île, Ferrari enseigna la philosophie au lycée Fesch à Ajaccio, poste qu’il occupa jusqu’en 2012, année qui marqua un tournant dans sa vie… »
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